LE RETOUR
Bích Xuan
En Europe au mois de
Mars
Plus de pluie que de beau
temps, et un froid qui vous glace les épaules
Les nouvelles me sont
parvenues un matin
Je pense à mon père dans mon
village natal
Au milieu de la verdure qui
fleurissait
Ayant à ses côtés son
petit-fils qu’il chérissait
Il faut voir la vie en rose
pour que passe le temps
Sentant la saveur saumâtre
de mes larmes tremblantes
Je presse mes pas que la
tristesse alourdit
Sur la véranda de la pagode,
je m’agenouille et prie
Reconduisant, aux sons de la
cloche, l'âme de mes parents
Comme je suis loin de vous,
ici...
Au soleil couchant, l’Océan
s’étend à perte de vue
Passé Décembre, Janvier, et
c’est le Têt
Au milieu d’une forêt en
fleurs
Me parvient l’odeur des
gâteaux de la fête
Mes sanglots étouffés ne
veulent pas s’arrêter
Le temps se ferme sur mes
larmes persistantes
L’âme de mon père,
indifférente, à l’aventure, suit les nuages blancs
Mon cœur orphelin et déchiré
violette montagnes et forêts
Je reviendrais un jour pour
une visite
Aux deux tombes jumelles
qu’embaume la fumée de santal
J’espère revoir la
silhouette de ma mère sous le soleil du pays natal
Oui, je reviendrai un jour
pour une visite...